Son nom vient juste d’être inscrit dans les livres, mais il risque de revenir souvent dans les prochains mois. A tout juste 17 ans, Adam Atamna est rentré dans l’histoire de l’EuroLeague lors de l’ANGT d’Ulm début février. La nouvelle pépite du centre de formation de l’ASVEL a battu le record de la plus grosse moyenne de points sur un tournoi « next generation », avec 33 unités par match. Prêté par le club de Tony Parker au voisin LYONSO, pensionnaire de NM1 (troisième division), le jeune arrière fait ses armes entre adultes pour préparer l’avenir.
Pour EuroLeague France, Adam est revenu sur sa performance historique, ses liens avec l’ASVEL, ses projets, la NBA, l’EuroLeague, et aussi sur sa relation avec son père, Karim Atamna, ancien professionnel et aujourd’hui membre du staff de l’ASVEL. Entretien.
Est-ce que tu peux nous décrire le feeling que tu avais sur le terrain lors de l’ANGT ?
En fait, c’est venu au fur et à mesure. Avant le tournoi, je savais que j’allais être au-dessus, que j’allais être en confiance, mais je n’aurais jamais pensé être à ce niveau-là. C’est un peu surréaliste mais je me sentais vraiment intouchable. J’avais un niveau de confiance qui était énorme. Le fait d’être au quotidien avec des adultes et là, de me retrouver à jouer avec des gars de mon âge, ça m’a paru facile. L’ANGT, c’est un niveau d’espoir, ça reste des adolescents. Ça n’a rien à voir avec les adultes de NM1.
Quelle a été ta réaction, quand tu as appris que tu avais battu le record de la plus grosse moyenne de points en tournoi EuroLeague « next generation » ?
J’étais tellement content. En fait, je savais avant le dernier match (vs Olympiakos, ndlr) qu’il fallait que je mette un certain nombre de points pour battre le record. Je devais en mettre 27 je crois, j’en ai mis 43. C’était bon (rires).
Dans la foulée, la presse européenne a commencé à parler de toi. Comment tu vis le début de cette notoriété ?
Je le vis bien. Avoir cette visibilité à l’échelle européenne, je m’y attendais un peu avant le tournoi et je ne suis pas surpris. Je l’avais un peu en France, mais en Europe, on ne me connaissait pas. Entre l’Euro jeune (U16 en 2023) où je n’ai pas beaucoup joué, et les ANGT des précédentes saisons où je n’avais pas beaucoup joué, je n’étais pas trop sous les projecteurs. Là, je suis content que ça se passe bien. Mais je ne change pas, j’ai toujours la tête sur les épaules.

Adam a inscrit 43 points lors du dernier match contre l’Olympiakos (crédits photo : EuroLeague)
Prêté par l’ASVEL à LYONSO, comment s’organise ton quotidien ?
Je suis encore logé à l’Académie de l’ASVEL. L’emploi du temps change beaucoup d’une semaine à l’autre. Quand je m’entraîne le matin à LYONSO, je fais mes entraînements individuels avec mon père à l’Académie. Quand on s’entraîne l’après-midi à LYONSO, je fais mes entraînements individuels et ma muscu’ le matin. En fait, moi, je vais à LYONSO que pour les entraînements collectifs. Tout ce qui est entraînement individuel, je le fais à l’Académie de l’ASVEL.
Sur quel aspect de ton jeu tu travailles le plus ?
Il n’y a pas vraiment d’aspect où je travaille le plus. Je travaille beaucoup sur mon shoot, ma dextérité, mes prises de décision, ma lecture, tout ça. Je fais des choses utiles, c’est-à-dire que je ne vais pas venir à l’entraînement et faire une heure que de step-backs. Je fais un peu de tout, des choses utiles qu’on peut utiliser en match.
Quels sont tes modèles dans le basket ?
Je dirais mon père déjà. C’est mon modèle. Par rapport à sa carrière, comment il s’est battu pour arriver là où il est arrivé. Sinon, j’ai des joueurs que j’aime bien regarder, mais je ne dirais pas que ce sont des modèles. Je n’ai même pas de move inspiré de quelqu’un. C’est vraiment moi et ma créativité.
As-tu des occasions d’échanger avec le groupe pro de l’ASVEL ?
Un peu avec Nando (De Colo). On a déjà eu quelques conversations suite à des entraînements. Edwin (Jackson) aussi, il donne beaucoup de conseils et m’envoie des messages. Il parle aussi à mon père qui est dans le staff. On peut dire qu’ils jouent bien leur rôle de vétérans. Ce qu’ils me disent m’aide.
A LYONSO, tu es coaché par Philippe Hervé, un sacré nom du coaching français. Quel lien as-tu avec lui ?
Je dirais qu’il me prépare au haut niveau. Il m’a appris beaucoup de choses depuis le début de saison. Il me fait confiance. Ça n’a pas toujours été facile, mais je sais qu’il croit en moi. En tout cas, tant qu’il me fait jouer, c’est le principal (rires).
Pour cette fin de saison, où vous êtes qualifiés en poule haute en NM1, quel objectif tu te donnes ?
Je n’ai pas vraiment d’objectif. J’essaie vraiment de travailler de mon côté et performer le plus possible en match pour préparer l’année prochaine. Je ne me mets pas vraiment de pression. Je n’ai que 17 ans et je sais que les résultats de LYONSO ne vont pas impacter ma saison prochaine. Je travaille et je continue à performer.
Justement, sur la saison prochaine as-tu déjà une idée de là où tu seras ? à L’ASVEL, ou ailleurs ?
Ce qui est sûr, c’est que je ne serai pas à LYONSO. Après, c’est l’ASVEL qui ont mes droits. Et pour moi, franchement, si je peux revenir jouer à l’ASVEL avec du temps de jeu, ce serait l’idéal. Je serais à côté de chez moi, dans mon club formateur, pour jouer dans l’élite,… ce serait parfait. Le but sera de jouer le plus possible et de me montrer. Trouver le meilleur projet pour que je puisse atteindre mes objectifs.
Tes objectifs, c’est la draft ?
Oui. Pour la draft, je me disais 2026. Après, je ne me mets pas de pression parce que des joueurs s’y présentent dès qu’ils sont éligibles, et au final, ils arrivent en NBA sans être prêts. Si l’année prochaine, pour x ou y raison, je ne suis pas prêt, je ne me présenterai pas. Dans ce cas, je ferai de mon mieux là où je serai en Europe, pour être le plus prêt possible et au pire, je me présenterai en 2027. Mais pour l’instant, l’objectif, c’est d’être prêt pour 2026.
« La NBA c’était un rêve de gosse. Aujourd’hui, c’est un objectif. »
Victor Wembanyama et Zaccharie Risacher avaient tous les deux fait le choix de quitter l’ASVEL une saison avant leur draft. Et toi ?
Si le projet avec l’ASVEL est bon pour moi, je resterai.
Est-ce que tu as parlé avec Pierric Poupet, ou avec Tony Parker, de l’année prochaine ?
Pas encore. Pierric, je vais le voir dans les semaines à venir, si c’est pas dans les jours à venir. Avec Tony, je n’ai pas de contact direct. Peut-être que mes agents en auront, mais en tout cas, je n’en ai pas directement…
Est-ce que tu sais si son portable a un peu sonné après tes perfs ?
Franchement, je ne sais pas du tout. Je n’ai aucune nouvelle là-dessus. Je ne sais même pas s’il sait ce que j’ai fait.

« Je suis plus l’EuroLeague. Je regarde tous les matchs de l’ASVEL. » (crédits photo : EuroLeague)
Tu te prépares donc à la draft. Est-ce que l’Euroleague reste tout de même dans un coin de ta tête ?
Oui, bien sûr. Je ne suis vraiment pas le genre de joueur à dire « c’est la NBA ou rien ». L’Euroleague, c’est quand-même une ligne exceptionnelle. Donc ça reste un objectif. Ça ne sera pas du tout un échec d’y être, si je ne suis pas en NBA.
La NBA, qu’est-ce que ça représenterait pour toi ?
C’est un rêve de gosse. Mais plus les jours passent, et plus j’y crois. Déjà, quand je vois tous les Français qu’il y a eu sur les deux ou trois dernières drafts c’est une motivation supplémentaire. Et de voir des gars comme Zach’ (Risacher) avec qui j’ai joué, ou Tidjane (Salaün), contre qui j’ai joué, et qui ont été draftés aussi haut, je me dis que ça peut le faire. La NBA n’est peut-être pas faite pour tous, mais elle est beaucoup plus atteignable que ce que je pensais il y a quelques années. C’était un rêve de gosse, aujourd’hui, c’est un objectif.
Tu regardes beaucoup la NBA ?
Je la suis pas mal, mais je ne la regarde pas trop. Je ne suis pas le genre à me lever la nuit pour regarder les matchs, mais j’aime bien me réveiller et voir les résultats de la nuit. Je ne vais pas te mentir, je suis quand-même plus l’EuroLeague. Je regarde tous les matchs de l’ASVEL, et quand je ne joue pas, je regarde aussi les autres matchs.
Quel type de joueur tu aimerais être en NBA ?
Déjà, j’aimerais avoir un rôle important dans la franchise où j’atterris. Le jeu NBA est basé sur mes points forts : Les 1 contre 1, la créativité, le shoot de première intention, la transition, la relance. Tout ça, ce sont des aspects dans lesquels mon jeu est plutôt bien développé. Donc il faut que je continue à travailler pour arriver là où je veux arriver. Etre un scorer, un créateur,… tout simplement jouer mon jeu et apporter un maximum. Parce que je sais que j’en suis capable.
Un grand merci à Adam pour sa disponibilité !